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Personnage du 19ème :
Marie Walewska née Łączyńska : Noble polonaise - François Arago : Astronome, physicien et homme d'État - Louis Daguerre : Peintre et photographe français - Felice Romani (1788-1865) - Étienne Cabet : Député de 1831 à 1834 - Jean Arago (1788-1836) : Militaire français-Général dans l'armée mexicaine- Augustin Fresnel ou Augustin Jean Fresnel : Ingénieur et physicien français - George Gordon Byron dit Lord Byron : 6ème baron Byron-Poète britannique -Justinus Kerner ou Justinus Andreas Christian Kerner : Médecin-poète allemand de Weinsberg - Jean-Marie-Baptiste Vianney dit Le Curé d'Ars : Prêtre catholique - John Cam Hobhouse : Baron Broughton de Broughton de Gyfford-Homme politique et écrivain britannique - Ludwig Uhland : Poète romantique allemand - Le baron Joseph Karl Benedikt von Eichendorff : Poète et romancier allemand - Wilhelm Joseph Ernst Johann Karl Freiherr von Eichendorff : Juriste et poète autrichien - Otto Heinrich Graf von Loeben ou Isidorus Orientalis : Poète allemand du mouvement romantique - Martial Côme Annibal Perpétue Magloire : Comte de Guernon-Ranville-Magistrat et homme politique français-Ministre et député en 1830 - Marguerite Joséphine Wemmer dite Mademoiselle Georges puis Mademoiselle George : Actrice française - Auguste Le Prévost : Géologue, botaniste, philologue, archéologue et historien français-Sous-préfet de Rouen en 1814-Député de l'Eure de 1834 à 1848 - George de Lacy Evans : Député - Guillaume-Isidore Baron de Montbel : Comte de Montbel-Député de 1827 à 1830-Ministre des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique-Ministre de l'Intérieur-Minstre des Finances- Márkos Bótzaris -
Gabriel de Clieu ou Gabriel-Mathieu d'Erchigny de Clieu (1687-1774)
Officier de marine
Planteur et administrateur colonial français
Gouverneur de la Guadeloup
Capitaine d'infanterie à la Martinique* en 1720, lorsqu'il introduisit dans cette île le caféier, d'où il se répandit dans toutes les Antilles et y remplaça toutes les autres cultures. Esmenard l'a chanté dans son poème de la Navigation.
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Gabriel de Clieu descend d'une famille noble originaire de Bretagne, implantée à Dieppe* et qui fut anoblie par Charles VI. Fils de Mathieu-Jean de Clieu et de Rachel Bauldry, Son père est écuyer et seigneur de Neufvillette*, de Derchigny*, Conseiller du Roi et Général au bailliage de Caux*.
Son père construit en 1689 un château à Derchigny, près de Dieppe, village de 49 feux en 1738. Il avait acquis le fief et la seigneurie de Derchigny de Thomas Charles de Becdelièvre, chevalier, seigneur d’Ecquevilly* (Quevilly), président du parlement de Normandie en 1684. C’est son fils Gabriel qui terminera la construction.
Très jeune, Gabriel est orphelin de père, car celui-ci décède le 10 avril 1698, à l’âge de 68 ans. Il est inhumé à la paroisse Saint Jacques, à Dieppe*.
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Gabriel passe ses premières années à Dieppe, au Havre et à Neufvillette. Il intègre très jeune la Marine Royale où il effectue toute sa carrière.
En 1702, au tout début de la guerre de Succession d'Espagne*, Gabriel de Clieu, âgé de 15 ans, entre dans la Marine royale* et intègre la compagne de gardes de la Marine, au Havre* sous la houlette d’un oncle prêtre et savant qui meurt en 1720.
L'année suivante, en 1703, il passe dans celle de Rochefort* ou il est est garde marine, avant d'être promu enseigne de vaisseau en 1705 à Toulon.
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En 1710, capitaine d’infanterie, il part à la Martinique.
En 1711 le 26 décembre, il se marie en premières noces, à Fort de France, avec Marie Colombe De Mallevaud, dont le père, Louis, est commandant à la forteresse de Fort Royal*. Un fils, Jean Baptiste Charles, naît de cette union, le 16 juillet 1717, à la Martinique.
En Juillet 1717, il participe activement au Gaoulé* (terme caraïbe signifiant tumulte). Insurrection d’officiers, grands habitants de la Martinique qui eut pour cause la volonté autoritaire des agents du Roi d’imposer l’abandon de certaines cultures et surtout le commerce avec l’étranger. Elle se manifesta par l‘arrestation et l’expulsion de l’île du Gouverneur et de son Intendant et se termina par un procès des principaux insurgés.
La même année il est fait Capitaine en pied, puis chevalier de Saint-Louis* en 1718, avant d'être promu capitaine d'infanterie de marine en 1720,.
Vers les années 1719/1720, Gabriel De Clieu, capitaine d’infanterie, se trouve dans l’obligation de revenir en France pour diverses obligations personnelles.
Envoyé à la colonie de Martinique au départ de Nantes en 1723.
En juillet 1714 le Bourgmestre d’Amsterdam offrit un plant de caféier au Roi Louis XIV, cultivé au Jardin Royal de Paris.
Deux caféiers faits de boutures furent déposés dans les serres du jardin botanique de Rochefort et furent confiés en 1721 à de Clieu pour les transporter à La Martinique.
Arrivé en Martinique, il fait planter l'arbuste dans son Habitation La Jacquart, au Prêcheur*. Grâce aux graines, le café se répand* dans les Antilles, notamment en Guadeloupe* où de Clieu a été gouverneur de 1737 à 1753. Il y fait construire ponts et bâtiments, et améliore les fortifications. Il est également à l'origine de la création du port de Pointe-à-Pitre* en 1763.
En 1725, il est major à Marie-Galante*. La même année, à la faveur d'un cyclone qui avait détruit des plantations de cacao, le capitaine de Clieu transporte en Martinique un plant de café, type arabica, qui provenait du Jardin du Roi et avait été obtenu par M. de Chirac médecin du Roi.
Le caféier est une plante originaire d’Afrique de l’Est. C’est l’Homme qui est l’origine de sa propagation à travers le monde, par étapes successives. La culture du café couvre désormais près de 11 millions d’hectares à travers plus de 80 pays !
À la fin du 17ème siècle, en Europe, seule la Hollande possède quelques pieds de café issus de ses colonies, eux mêmes originaires de la région de Moka*, en Arabie, précieusement conservés dans le jardin botanique de la ville d’Amsterdam*.
Après 1714, des négociations entre le gouvernement français et le bourgmestre de la ville d’Amsterdam se conclurent avec l’envoi d’un jeune plant qui fut présenté au roi Louis XIV. Ce caféier, désormais français, fut ensuite envoyé au Jardin des Plantes, à Paris, pour être conservé et surtout pour créer une lignée d’autres caféiers. C’est Antoine de Jussieu qui a fait, en 1715, la première description botanique précise et le premier dessin exact d’une branche de cet arbre. Il le considère alors comme un jasmin et le baptise Jasminum arabicum.
Un premier essai de traversée de quelques plants en direction de la Martinique échoua suite au décès, à l’arrivée, du docteur Isemberg, qui était en charge de ces plants.
Gabriel eut quelques difficultés pour récupérer quelques plants de café du Jardin des Plantes. Il fit d’abord des démarches auprès de Mr de Chirac, médecin de Louis XV et successeur de Fagon dans la surintendance du jardin des plantes. Cela ralentit son projet d’exportation vers les Antilles. Mais faisant jouer ses contacts auprès du roi, il obtint d’Antoine de Jussieu deux plants de caféier.
En 1720, il réussit à partir du port de Rochefort, sur la flûte le dromadaire en direction de la Martinique, avec ses plants de café de type arabica. L’équipage est composé d’une trentaine d’hommes et quelques passagers qui allaient s’établir aux Antilles.
La traversée ne se fit pas sans embûches. Afin de protéger au mieux son précieux compagnon de voyage, de Clieu l’installa sur le pont, dans une caisse en chêne, couverte d’un châssis en verre, permettant de conserver une température adéquate. La nuit, il la place près de son lit pour lui conserver sa chaleur et le matin, il ne manque pas de l’arroser. Un des deux pieds périt. Mais les conditions météorologiques n’étaient pas les seuls éléments qui pouvaient nuire à ce plant de café. Selon de Clieu, au sein même de l’équipage, certains en était jaloux.
Plus tard, une attaque de corsaire aurait pu faire disparaitre au fond des eaux le fragile végétal. Arrivé près de Madère*, par une nuit obscure, le navire poussé par une brise favorable, glisse tranquillement sur les flots. Matelots et passagers sont plongés dans le sommeil. Un officier de quart, immobile à son poste, fait son service ordinaire. Tout à coup une terrible canonnade ébranle le navire et signale l’approche d’un pirate de Tunis. C’est un pauvre Chebeck , mais terrible dans l’obscurité. En un instant l’équipage est sur le pont. On reconnut le pirate à la lueur sinistre de la canonnade.
Chacun se prépare à une résistance aussi vigoureuse que l’attaque est violente. Plutôt mourir les armes à la main que d’être mené captif en Afrique. Les passagers tremblants sont en prière dans l’entrepont. Une bordée de 8 coups de canons déchire les flancs du Chebeck. Il était temps car le capitaine des pirates saute à bord du navire français, le poignard à la main. La hache de Gabriel de Clieu lui tranche la tête qui roule sur le pont. Une dernière décharge, de part et d’autre, et le feu cesse. Le corsaire, sentant son infériorité, se retire.
Mais l’histoire n’était pourtant pas finie, puisque succédant à la tempête, le bateau essuya un calme plat qui poussa de Clieu et l’ensemble de l’équipage à un strict rationnement de l’eau. Le maigre volume d’eau qu’il recevait, il le partagea avec son précieux plant de café.
Après toutes ses péripéties, Gabriel pose le pied sur la terre ferme de la Martinique. Il choisit avec soin, un endroit sûr, pour planter le premier et précieux pied de café. La première récolte arriva une vingtaine de mois après. De Clieu ne se gêna pas pour distribuer allègrement les nombreuses cerises résultantes. Pourquoi des cerises ? C’est le nom donné aux fruits du caféier. On les nomme aussi drupes. Ceux-ci sont de couleur rouge vif ou violette à maturité. Ils contiennent deux graines aplaties, placées face à face, qui donnent après torréfaction des grains de café. Ses fleurs blanches apparaissent en groupe à l’aisselle des feuilles. Très éphémères, elles ne durent que quelques heures et ont un parfum proche de celui du jasmin. Très rapidement, la Guadeloupe et Saint-Domingue furent colonisés par le café.
Avant l’arrivée du café, la Martinique vivait essentiellement de la culture du cacao mais un évènement subit provoqua une véritable hécatombe et fit disparaitre presque en totalité les cacaoyers. Certains ont attribué cette disparition à l’éruption du volcan de la Montagne Pelée, d’autres aux pluies diluviennes d’un ouragan. Peu importe la cause, les habitants de la Martinique se retrouvèrent sans ressources. Ils se tournèrent donc vers le café pour retrouver un semblant d’activité. Leurs espoirs furent largement dépassés ! Il fallut à peine 3 ans pour que le nombre de caféiers soit égal au nombre de cacaoyers avant l’hécatombe. Cette nouvelle source de revenus fut encore valorisée par le succès croissant du breuvage en Europe.
La culture se répandit à La Martinique et dans d’autres colonies, notamment chez les «petits habitants» qui, ne possédant pas d’esclaves, ne pouvaient pas cultiver la canne à sucre.
Les Antilles françaises sont devenus, jusqu’à la Révolution, un important producteur et exportateur de café.
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En parallèle, il poursuit sa carrière dans la Marine royale et au sein de l'administration coloniale. Le 19 mars 1726 il est Major à La Martinique. Le 24 juin 1726, Lieutenant de Roi à Fort Royal en Martinique.
En 1730, c’est la première exportation du café à la Martinique.
En 1732, il acquiert le fief d’Anglesqueville sur Sâane*, près de Dieppe.
Promu lieutenant de vaisseau en 1733, puis capitaine de vaisseau en 1746.
Gabriel est gouverneur de la Guadeloupe de 1737 à 1753. Mais en cette année 1737, sa santé est chancelante ! Le Roi lui permet un retour en France pour rétablir sa santé. Il lance un grand projet de reconstruction de l’île.(ponts, chemins, bâtiments etc,,,)
En 1739, Gabriel propose au Roi de créer une ville près de Fort Louis. Il adresse un mémoire au ministre de la marine sur l’importance de cette position pour construire un port. Le projet trop coûteux est ajourné.
En 1743, Gabriel est nommé lieutenant de vaisseau pour le Roi Louis XIV. En 1744 , on lui attribue le gouvernement sur tous les gouverneurs particuliers.
En 1750, Gabriel prend le gouvernement de la Martinique en plus de ses fonctions sur les îles du vent* et il est fait commandeur de Saint-Louis à titre honoraire.
Le 1 septembre, 1752, il reçoit une pension de 1800 livres sur le budget des invalides et une pension de 3000 livres sur le budget de la marine. A la même date, il reçoit l’ordre de passer au Havre.
En 1753, âgé de 65 ans, dont 50 ans passés au service de son pays et de son Roi, Gabriel retourne en France. Il sera nommé au Havre l’année suivante, inspecteur des gardes-côtes de la Haute Normandie.
Il est nommé commandant de la Marine au Port Louis* en 1756. Lors du bombardement du Havre en 1759* par la flotte britannique de l’Amiral Rodney, il se distingue dans le commandement des batteries flottantes qui lui sont confiées. Enfin, il est promu Grand-croix de l'ordre de Saint-Louis en 1774.
En 1760, il se retire du service avec 8000 livres de pension du Roi. C’est à Derchigny* que Gabriel vint se reposer de ses fatigues.
Gabriel de Clieu meurt à Paris, le 29 novembre 1774. Les Affiches de Normandie* de décembre 1774 dressent un portrait flatteur de lui.
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Gabriel de Clieu s'est marié 4 fois. Il épouse en 1ère noce Marie Collombe de Mallevault de la Varenne qui décède à la Martinique en 1725, le laissant seul avec un fils né en 1717.
Le 9 juillet 1728, Gabriel se marie en secondes noces, à Trois Rivières*, en Guadeloupe, avec Marie Rigolet. Le couple eut 3 enfants nés entre 1729 et 1735. Malheureusement, Marie, âgée de 45 ans, décède le 28 avril 1742, à Mont Carmel*.
5 années après le décès de Marie, Gabriel de Clieu se remarie avec Luce-Nicole du Bourg d'Esclainvilliers à la Guadeloupe. De cette union naîtra Charles-Abraham de Clieu. Enfin, à 83 ans Gabriel de Clieu épouse Elizabeth Roux du Fay.
Gabriel décède le 29 novembre 1774, à Paris, chez son amie et parente madame la duchesse d’Anville. La veille, Louis XVI l’avait nommé commandeur de l’ordre royal et militaire de Saint Louis. Il est inhumé à Saint Sulpice, dans le caveau de Laroche foucault.
Aujourd’hui, le nom De Clieu, est éteint. Mais leur mémoire est toujours vénérée aux Antilles et à Derchigny.
Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Catherine de Beaunay-Cotelle, Hommage au chevalier Gabriel de Clieu. La fabuleuse histoire du café au siècle des explorateurs dieppois, 2002/Gabriel de Clieu et l’introduction du café aux Antilles/ Biographies anciens élèves de l'École navale